Depuis l’an dernier, je suis le premier des premiers, plein de billets sous les pieds, coupe du monde d’Europe, championnat je les ai tous gagnés. Pour voir mes matchs, les gens s’arrachent font même du catch, 1 but par match, lancé jamais je ne me scratch.
Les photos de moi s’emmagasinent dans tous les magazines, les paparazzi ont même rendu célèbre ma voisine. Chauds comme un four à pain sur le terrain, mes maillots se vendent comme des petits pains, ça ce n’est rien.
Est-ce que tu sais combien je vaux ? Est-ce que tu sais pour combien je fais des saltos ? Plus d’un an, de ton salaire en un mois et je ne me lève pas trop tôt. Je suis le numéro gagnant, celui sur qui tout le monde mise celui qui n’a pas droit à l’erreur ne serait-ce qu’humainement parlant.
On dit que j’ai l’air d’un pur-sang, que je suis le meilleur de ma décennie du haut de mes vingt ans et que dans le football, je vais faire mon temps. Plus rien n’est privé, plus rien n’est gratuit, plus rien n’est évident, quand tu es aussi populaire que le président.
SCATCH
Année 1977, ma date de naissance, on m’a mis au monde pour être une vedette au stade de France. J’ai commencé en poussin dans l’équipe du village, après Panini 86 et mille boulets de canon dans une cage.
Pas de reconnaissance de la part des entraîneurs, je m’en fous, laisse le fils à papa jouer en équipe une, je m’arrache et puis c’est tout. J’ai la rage de vaincre, je suis promus à la victoire, même si mes professeurs ont beau essayé de me convaincre d’arrêter d’y croire.
En 90, 91, 92,1993 j’étais en sport étude de footballeur balaise. En plus la télé m’engraine dans ce business, il y a trop de pèzes à se faire sans se péter le dos, je te le jure sur la française.
J’envie cette équipe de foot championne du monde et d’Europe, je me battrais pour y arriver, je serais de la prochaine World-cup, même si pour l’instant je me fais chambrer dans les vestiaires de l’équipe inter-quartier, du style : « Man, il faut que tu arrêtes de planer ! »
SCRATCH
Eh Man ! ça fait trop longtemps que je rêve de te rencontrer, je connais toutes tes techniques de balle, j’ai vu tous tes matchs à la télé, vraie que j’aurais voulu être à ta place, être une star dans le sport palace mais le destin m’a taclé, m’a fait un coup de crasse.
Mais je ne lâche pas l’affaire, je me suis dopé, je ne veux pas rester en supporter avec une bière, toute ton équipe sur un poster. C’est sur toi frèro, tu as réussi, tu n’as pas de pression dans la vie, tu marques des buts, tu touches beaucoup et tout le monde t’applaudit.
Écoute petit, tu n’as pas compris, moi aujourd’hui, je n’ai plus de vie, pas de famille, pas d’amis ici et pour ça il n’y a pas de prix. Compétitif, je m’arrache les tiffes, je subis la pression de ces types en tant que seul basané de l’équipe, je flippe.
Pas droit à l’erreur, pas droit à l’écart, je passe à côté d’un match, on m’écarte, on m’écrase. Leurs prétextes, on me donne trop de papier –billet, alors n’oublie pas, tu es vite connus, vite oublié.
SCRATH